2010-07-12

Does information wants to be free: N^2 et 2^N ...

Je suis tombé sur cet article ce matin par /. mais malgré son ton trop alarmiste il peut servir de sonnette d'alarme et nous permettre de contempler pourquoi nous ne devons pas faire confiance à ces solutions nouvelles aux apparences alléchantes.

Certes, il y'a actuellement une ruée vers les plateformes mobiles où le développement passe par la refonte de l'interface usager, c'est-à-dire un GUI fait à l'aide d'une API propriétaire. Le résultat à première vue est que les programmeurs accèdent maintenant à des librairies logicielles permettant de réaliser des applications interactives difficiles à produire avec les technologies libres du web.

Mais voilà, en ne choisissant plus de faire des logiciels accessibles à tous, il écrit maintenant pour une niche de marché et de plus, dans un contexte où l'accès à cette information, son indexation, sa fouille, dépend maintenant d'une compagnie unique et non d'un écosystème ouvert.

Les ventes sur ces systèmes vont bon train mais seulement pour les quelques premières applications. Plus l'écosystème grandit, plus l'argent à faire sera dur à aller chercher. Sans compter qu'on a beau vendre 50M d'iPhone, il reste 40 fois plus d'usagers d'internet sans et qui risquent fortement de produire plus de choses adaptées et intéressantes.


D'autres solutions similaires à ce jour comme flash, la technologie propriétaire d'Adobe ou Silverlight, celle de Microsoft, sont des solutions encore plus pernicieuses par leur approche "multiplateformes" pour l'une et "multilangages" pour l'autre cachant leur vrai objectif de contrôle.

Ces derniers se battent, comme Apple, en tentant de s'infiltrer dans les couches libres de l'internet afin de devenir un intermédiaire incontournable de la production et ainsi devenir un monopole rentable par le contrôle des moyens de production et de consommation.

Ces multiples tentatives d'adoption, extension et extermination de tout bord tout côté de la couche affichage ne devient un problème que lorsqu'elle fait dérailler la convergence des différentes plateformes qui est maintenant la clé de l'échange globale que l'on voit poindre depuis bientôt 20 ans.

Toutes ces couches mises en place au fil des ans et qui permettent déjà de développer des applications ayant la capacité de fonctionner sur toutes les plateformes est ainsi perverti à travers cette rhétorique marchande du profit court terme. Ces compagnies se servent de l'internet ouvert comme pavoisement marketing alors qu'en réalité ils souhaitent y imposer leurs verrous commerciaux et devenir les despotes du Nouveau Monde ouvert aux dépens de la culture, la démocratie, l'éducation, le libre compétition, etc.

La valeur du logiciel comme celle du matériel étant en constante chute, ces écosystèmes où la majorité des applications ne font que quelques lignes se verront rapidement dépassées par les applications développées pour un plus grand public et dont les moyens ne leur permettent pas de payer 2$ à chaque fois qu'ils veulent un nouveau gadget, 300$ à chaque année pour une nouvelle plateforme, etc.

D'ici 2015 on risque de voir un renversement intéressant du domaine. Mais, ce n'est rien de nouveau, depuis les débuts de ce splendide réseau, les attaques du genre ont toutes échoué lamentablement.

Il faut comprendre que l'internet se bâtit sur l'abstraction des couches inférieures, rendues publiques à tous et permettant à différents systèmes et groupes d'interagir entre eux à condition de parler ces langues communes mais aussi de l'adapter sans avoir à demander l'avis de qui que ce soit. Si ce langage n'est plus disponible publiquement, il faut comprendre que nous verrions l'internet régresser à un modèle comme AOL / Compuserve / Genie des années 1980 et l'impact économique et social serait majeur. Sans compter qu'à l'internationale cela créerait une fragmentation de l'internet et bref, la destruction de la plus grande plateforme d'échange jamais créée.

Il existe beaucoup d'opportunités de faire de l'argent à court terme de cette manière grotesque mais ces solutions ne sont pourtant pas viables à long terme. L'accès du plus grand nombre triomphe toujours. Ces micros-économies finiront par n'être que des nuisances que nous devrons une fois de plus faire migrer vers la nouvelle couche ouverte pendant quelques années le temps qu'elles soient dépréciées.

Voilà une perte économique et de temps causée par ces compagnies rétrogrades. Globalement il faudra peut-être commencer à penser à des lois forçant l'inter-opérabilité comme l'Europe tente de le faire (et des droits d'auteurs censés comme le Brazil pendant que nous y sommes?).


Heureusement, le travail fait actuellement sur HTML5 permet d'envisager sous peu que le navigateur redeviendrait la figure de proue du développement riche nécessaire aux applications modernes.

En permettant à tous de développer sur (ou par) un navigateur (une langue commune) donnant l'accès à du multimédia interactif et riche, il va de soi que les technologies comme Apple iOS ou la JVM d'Android n'auront plus d'intérêt pour les développeurs. On voit déjà que la plateforme Android qui malgré ses défauts est un peu plus ouverte qu'Apple commence à prendre le dessus pour ces raisons. La prochaine étape c'est le desktop web.

* Il y'a déjà des projets intéressants permettant de programmer dans d'autres langages et d'en obtenir une compilation en langage web (HTML, JS, ...). La recherche dans ce domaine se doit d'être accélérée!

D'ici 2 ans les cellulaires auront la même puissance que des netbooks et on ne parlera plus d'écosystème cellulaire mais simplement d'un format plus petit du netbook lui-même format réduit du laptop puis du PC.

Le défi ne sera pas de savoir si on a assez de budgets pour accommoder le développement sur 5 plateformes mais plutôt de s'assurer que nos données sont facilement utilisables sur 5 formats d'écran différents. La chaine classique de la miniaturisation suit son cours et une rupture ne saurait avoir lieu aussi brutalement que l'article le préconise.

Apple a toujours voulu vendre des électroménagers, un appareil simple, que l'on branche et que l'on jette après usage. Ils vont continuer à le faire et de façon probablement très rentable mais si ce n'est que par ce combat répété et futile ci-dessus décrit, ils n'auront pas la capacité de maintenir un monopole tel que Microsoft l'a fait dans les années 1990 et 2000 qui est aujourd'hui lui aussi lentement mais surement érodé par les standards du web.

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N.B. J'aimerai ici discerner le fait que ce débat est futile quant aux applications classiques telles que les jeux, lecteurs de musiques, utilitaires locaux, etc. Ces derniers ne font que très peu appel aux données de l'internet mais surtout, ne font que répéter ce qui se trouve sur les environnements de bureaux classiques. Le paradigme du bureau ne disparaitra probablement pas de si tôt mais sa place sera certainement amoindrie au fur et à mesure que les plateformes web permettront le développement de jeux et du multimédia plus complexe.

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