2010-06-30

Les réseaux sociaux le sont-ils?

Vers 2003, lors d'une expérience de pensée, j'ai envisagé un outil qui permettrait l'autonomie de chaque citoyen face à ses besoins de communication.

Cet outil, une fois en possession de son usager, devait permettre la plus grande collaboration possible tout en empêchant que l'individu soit censuré. Dès qu'une information est acquise, le système doit travailler pour l'usager selon un modèle p2p afin de rendre cette information disponible en suivant les règles choisies par chacun. Dans les temps morts, il aiderait au choix les autres avec ses ressources de stockage, de traitement de données et de réseau permettant ainsi d'égaler les gros joueurs tels que les compagnies ou états (on pourrait dire qu'ils deviennent les ressources de l'État, mais bref.).

Plusieurs projets m'ont inspirées en passant par FreeNet ou I2P, les botnets, des réseaux maillés, la gestion d'identité, d'anonymat et de confiance, d'encryption de système complet ainsi que les livres Cyborg, Snow Crash ou SmartMob.

En combinant le tout avec la philosophie du libre, l'économie participative et la miniaturisation et l'intégration à des coûts voir quasi nul, je voyais poindre la possibilité d'une autre organisation des médias et donc du dialogue [pas toujours] démocratique. (Schéma initial bidon).

La système devait permettre une granularité de contrôle très fine pouvant presque transformer l'outil en expression culturelle en modulant son "langage". En rêvant un peu on peut se demander si après la réalité augmentée on ne pourrait pas parler de culture augmentée.

Dans tous les cas, la possibilité est maintenant là de créer des systèmes, par l'absence d'intermédiaire centralisé, hors du contrôle de quiconque. Des structures de communications distribuées et décentralisées difficiles à arrêter seraient maintenant à la portée d'adolescents avec un kit d'électronique-Lego à 20$ ou, bref, à n'importe qui ayant envie de faire passer un message. Mais pour que cela fonctionne, il faut s'entendre sur leurs standards, développements et autres bases communes. Il s'agit donc avant tout d'un choix de société sans quoi l'internet se verra rabroué au rang de simple BBS géant comme AOL l'aurait souhaité à ses débuts.

Il faut revenir au temps présent pour comprendre pourquoi il faut reprendre la direction des réseaux distribués. Ce n'est pas une super télé dont nous voulons mais bien d'un nouveau mode d'interaction bidirectionnel!

L'avènement des brevets logiciels a ralenti la création de standards communs et on se retrouve aujourd'hui avec des infrastructures sociales monstrueuses et privées comme facebook, twitter et google. Ces ilots privés tentent par tous les moyens de devenir les nouveaux intermédiaires du 21e siècle en se plaçant là où nous n'avons pas vraiment besoin d'eux. L'accès libre à l'information est un enjeu majeur dans toutes les sphères. Il est possible de structurer cet accès afin de garantir qu'une société reste libre et non soumise à des influences commerciales souvent étrangères.

Comme la pièce maîtresse du problème est, en bonne partie je crois, la couche qui permet de lier les gens entre eux pour leur permettre de se regrouper et d'échanger toutes formes d'informations possible en temps réels et avec un bon niveau de confiance, il me parait fondamentale que ce processus soit le moin possible sous le contrôle de firme mais plutôt dans un cadre citoyen et démocratique, en bordure du réseau.

Plusieurs projets abondent en ce sens comme Diaspora, AppleSeed, Peerbook et j'en passe.

Malheureusement, j'ai l'impression qu'il serait bon d'adopter des méthodes de développement à la base de l'internet et d'Unix pour mieux diviser et résoudre ce problème. Des petites solutions qui se combinent bien pour ensemble résoudre un gros problème permettraient de modulariser le tout tout en laissant différentes implémentations se faire compétition. Il faudrait peut être que le W3C et/ou l'IETF s'en mèlent un peu afin que cette nouvelle infrastructure soit la plus flexible et ouverte possible.

J'ai été heureux de découvrir aujourd'hui cette conférence ayant pour but de faire discuter tous les acteurs actuellement impliqués dans leur coin sur ces questions. En espérant qu'elle portera fruit et que les différents projets vont réaliser qu'ils doivent créer des standards, se modulariser et échanger davantage...

Alors, peut-on espérer démocratiser les réseaux sociaux?

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